L’Hoodia : la minceur en voie de disparition
Au cours des trois derniers mois, pas moins de 2 000 envois postaux en provenance de l’étranger surtout des États-Unis ont été saisis par des douaniers ou des agents de la faune du Canada. Ainsi, des milliers de Canadiens qui croyaient pouvoir se procurer des produits à base de hoodia par l’entremise d’Internet ou de lignes sans frais ne recevront pas leur commande1.
La vente libre des produits du Hoodia goordonii – de son nom latin - est permise au Canada seulement lorsque la plante et ses dérivés sont accompagnés d’un permis d’exportation délivré en vertu de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES)
De plus en plus exploitée pour ses prétendues capacités de coupe-faim, l’espèce est en effet en voie d’extinction, et sa culture est contrôlée.
Le pharmacien Jean-Yves Dionne se montre prudent quant aux supposées vertus du hoodia vendu généralement sous forme de poudre ou de pilule. « Ce n’est pas un produit miracle ni un produit qui fait maigrir en soi », indique ce spécialiste des produits de santé naturels.
Selon lui, aucune étude clinique n’a été publiée jusqu’ici sur les effets amaigrissants du hoodia. Seules quatre études en laboratoire sont répertoriées dans la banque de données Medline3.
L’une d’elles, menée sur des rats, démontre qu’un composant de ce cactus, le P57AS3, aurait la propriété de « berner » l’hypothalamus, une partie du cerveau jouant un rôle dans l’activation de la faim, en lui envoyant des signaux de satiété.
« La prise d’un tel produit n’agit pas sur la masse adipeuse en soi, fait remarquer le pharmacien. Pour obtenir une perte de poids significative ou à long terme, il faut apporter des changements à son mode de vie, notamment au chapitre de l’alimentation et de l’activité physique. »
Aux personnes qui souhaitent néanmoins utiliser des produits amaigrissants, Jean-Yves Dionne conseille d’éviter les achats par Internet ou par téléphone. « La plupart des alertes émises par Santé Canada au sujet de la qualité des produits naturels concernent des produits provenant de l’étranger qui ne sont pas en magasin », conclut-il.